Démarche
Entre abstraction et figuration, réel et imaginaire, mes œuvres représentent l’énergie de la nature et tentent de traduire les sentiments humains les plus intimes confrontés à l’immensité d’une nature immuable. Il y est aussi question du temps et de la mémoire.
Je m’intéresse à faire des œuvres à partir de contraintes qui dictent une façon de travailler, les formats, les gestes, le contenu, et la nature de mes peintures.
Mon travail récent questionne le lien entre recherche artistique et recherche mathématique.
J’ai un esprit mathématique et je me rattache à elles sans doute parce que je les trouve rassurantes. Cependant l’utilisation que j’en fais dans mes toiles n’a rien de systématique. Je suis plutôt à la recherche d’une certaine forme de poésie des mathématiques. Cela a pour but d’introduire une autre réalité en lien avec la mémoire.
“J’ai été saisi par les mathématiques, à partir du moment où on a commencé à faire quelques démonstrations réellement subtiles. Je dois dire que ce qui m’a véritablement captivé, c’est le sentiment que lorsqu’on fait des mathématiques, c’est un peu comme si l’on suivait un chemin extrêmement tordu et complexe, dans une forêt de notions et de concepts, et que ce chaos conduise quand même, à un moment donné à une sorte d’éclaircie magnifique.” Alain Badiou
Il s’agit pour moi de retrouver cette sensation et aussi réfléchir à des solutions plastiques qui permettent d’approcher le champ inépuisable proposé par l’abstraction mathématique.
Plusieurs strates s’imbriquent dans mon processus créatif : un lieu familier dans lequel je puise mon inspiration, la poésie des mathématiques, la théorie de la dérive que je rattache à ma façon d’arpenter ce lieu familier. Un lieu devenu comme un parent au fil du temps, et qui permet le recul, un pas en arrière du monde.
« Le concept de dérive est indissolublement lié à la reconnaissance d’effets de nature psycho géographique, et à l’affirmation d’un comportement ludique-constructif, ce qui l’oppose en tout point aux notions classiques de voyages et de promenades. (….) »
Théorie de la dérive 1956 Guy Debord
Prix « Point contemporain » du Salon Réalités Nouvelles (2022)
Espaces dérivables
«Je pense souvent à mes peintures comme une sorte de kit d’images ou peut-être comme à des puzzles où les éléments du tableau sont des indices orientant le spectateur, non pas vers une narration inachevée mais plutôt vers la prise de conscience dont se construit une peinture.
Tout au long, j’essaie de placer les choses dans une relation non-normale les unes par rapport aux autres. Pourquoi une forme biomorphique est-elle posée sur un fond aux motifs plats? Pourquoi ce motif neutre suggère - t - il un espace profond? Est-ce qu’un certain motif crée un paysage pour qu’une forme l’habite ?»
«Utiliser notre expérience des éléments de la peinture pour leurs pouvoirs associatifs, dans une poétique de la peinture. Une poétique qui pourrait aussi embrasser de vastes questions, telles que la mémoires et la présence,...
Jonathan Lasker 1986
Mon processus de travail consiste à créer des surfaces qui permettent aux évènements d’émerger. L’apparition de disjonctions formelles (lignes coupées, formes interrompues), de pièces détachées qui dialogueraient entre elles pourrait constituer la base de ces espaces dérivables.
Je propose de faire interagir cette notion mathématique « nouvelle » avec le sens maritime
« aller à la dérive » et la théorie de la dérive (Guy Debord) que je relie à ma façon d’arpenter un territoire familier dans lequel je puise mon inspiration. Un lieu devenu comme un parent au fil du temps, et qui permet le recul, un pas en arrière du monde.
Flux (reflux)
Flux : nom masculin
1. DIDACTIQUE Ecoulement (d'un liquide organique). Le flux menstruel : les règles.
2. Grande quantité. -> Flôt. Un flux de protestations. - Flux migratoires.
3. Marée montante
4. SCIENCES Flux lumineux
5 ECONOMIE Mouvement, déplacement
Cette série de grands formats verticaux (130 x 97 cm) m’emmène au-delà du voulu, du contrôlé. Elle questionne le rapport de l’homme à la nature.
L’abstraction y cultive l’émergence de « figures » venues d’on ne sait où. Parfois elles sortent des limites du châssis rappelant que chaque toile n’est qu’un fragment d’un grand tout.
Les formes et leur signification se créent dans l’équilibre et l’interaction des passages successifs sur la toile au fil d’une « déambulation mentale ».
La «saleté» fait partie du processus créatif, y compris celle qui envahit les nombreux calques ou protections utilisés.